Carmen Braden sacrée compositrice de l’année de l’Ouest canadien

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Le 7 novembre 2019
(Photo de couverture par Hannah Eden)

Carmen Braden fait son bonhomme de chemin sur la glace de la baie Back, à Yellowknife, en tirant un traîneau chargé de sa pelle, de sa tarière à d’un morceau de fourrure de bœuf musqué acheté lors d’une vente de garage locale.

La température a chuté, mais une journée froide convient mieux à l’enregistrement. Proche de l’île Mosher, elle perce un trou, mais au lieu d’une ligne de pêche, c’est un microphone qu’elle y fait descendre. Elle s’assied ensuite en tailleur sur son petit carré de fourrure qui la protège de la froideur de la glace, et se met à l’aise.

« Enregistrer sur la glace exige la plus grande immobilité. Tout son produit à la surface est amplifié dans l’eau; même déplacer son poids sur la neige fait des sons. Ce que je voulais capturer, c’est le son que produit la glace, » explique Mme Braden.

La compositrice écoute attentivement avec ses écouteurs alors que son microphone commence à capter une cacophonie de craquements.

(Photo par Hannah Eden)

« Je m’installe non loin de la route de glace de Dettah, où le poids des voitures qui passent fait craquer la glace, explique la compositrice. Dans mon imagination, ces craquements se réverbèrent sur la roche et le paysage sous-marin. J’ai l’impression que le lac parle. »

C’est l’une des premières étapes du processus créatif long et unique de l’artiste ténoise. Ce sont ces innombrables heures passées à perfectionner les nuances des sons nordiques qui l’aident à créer ses œuvres.

Le talent et les créations de Carmen Braden sont de plus en plus reconnus à l’échelle du Canada. Sa composition Blood Echo a été interprétée sur scène par l’Orchestre symphonique de Toronto, composé de plus de 70 musiciens.

Au début du mois d’octobre, alors qu’elle participait à la Breakout West Conference, à Whitehorse, elle a été nommée pour deux Western Canadian Music Awards et a remporté le prix décerné au compositeur classique de l’année, pour lequel elle était nommée aux côtés de quatre autres compositeurs, y compris deux de ses anciens professeurs d’université.

(Photo courtoisie de Carmen Braden)

« Je croyais sincèrement que l’un de mes professeurs le raflerait, alors j’ai été agréablement surprise. Je suis heureuse que ce prix braque les projecteurs sur le Nord, étant donné qu’une reconnaissance nationale de ce genre n’arrive pas tous les jours, affirme-t-elle. »

La compositrice de Yellowknife affirme qu’elle n’aurait pu se rendre là où elle est aujourd’hui sans l’appui de la communauté ténoise.

« Il a fallu beaucoup de temps pour que le travail que je fais soit perçu comme une entreprise commerciale, et le soutien que j’ai obtenu du MITI et d’autres organismes m’a aidée à me lancer dans une carrière stable. Le financement octroyé par le PAEDE m’a aidé à voyager, à m’établir comme marque, à lancer mon site Web, et à créer des logos, des cartes de visite et certaines des infrastructures dont j’ai besoin pour créer mon art.

Carmen Braden continue d’être captivée et inspirée par l’environnement qui l’entoure et ne prévoit pas de ralentir de sitôt. Il y a même des sons insaisissables qu’elle souhaite encore saisir.

« Je veux capturer le son des aurores boréales, et le rot de la lotte. Apparemment, les lottes ont une vessie d’air qui émet un son comme un rot lorsqu’elles se déplacent de haut en bas dans les colonnes d’eau. C’est mon Graal, » termine-t-elle.

Pour découvrir le travail de Carmen Braden, consultez son profil sur Arts TNO.