Récits du projet de nettoyage du sentier Canol

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Le 22 mars 2018

En plein cœur des monts Mackenzie, douze personnes sont réunies autour d’un feu de camp, savourant un repas de ragoût et de bannique. La journée a été longue : elles ont remonté le sentier Canol, s’accroupissant sans cesse pour couper des fils de transmission et les embobiner tout au long de leur chemin.

Il n’y a personne sur des centaines de kilomètres à la ronde.

Un membre de cette équipe, Margaret McDonald, prépare les fruits d’églantier, la gomme d’épinette et les champignons de bouleau qu’elle a cueillis plus tôt le même jour. Elle compte se servir de ces produits naturels pour faire des baumes, des onguents et des gouttes médicinales. Les hommes et les femmes assemblés autour d’elle, tous originaires du Sahtu, l’observent travailler.

En 2015, quand on a donné le coup d’envoi au Projet d’assainissement du sentier Canol, il a fallu embaucher des auxiliaires médicaux du Yukon pour accompagner les équipes de travailleurs ténois dans cette traversée particulièrement exigeante.

Les organisateurs du projet, soit le bureau régional du ministère de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement et la Société du parc territorial Doi T’oh, y ont vu une occasion de former et de faire accréditer les habitants du coin.

Un an plus tard, en 2016, quatre auxiliaires médicaux qualifiés de Tulita et de Norman Wells participaient au projet. C’est une réussite pour le perfectionnement de la main-d’œuvre, l’emploi et l’économie du Sahtu.

Margaret est l’une de ces nouvelles recrues. Auparavant infirmière, elle a saisi l’occasion d’être formée à titre de technicienne ambulancière paramédicale sur le sentier Canol. L’idée d’incorporer son savoir traditionnel à son travail l’intéressait de surcroît.

Ailleurs dans le monde, une telle opération d’enlèvement de fils aurait pu être relativement banale, quoique tout aussi ardue. Pour les gens du Sahtu, cela représentait beaucoup plus.

En plus de mettre en valeur le potentiel et la main-d’œuvre du Sahtu, le projet est devenu l’occasion parfaite d’écouter les aînés raconter leurs récits et transmettre leur savoir traditionnel, des atouts précieux pour le projet de création d’une destination touristique patrimoniale de calibre international. En effet, des aînés de Tulita et de Norman Wells se rendaient jusqu’au camp de base du sentier Canol, au kilomètre 222, et racontaient des histoires autour du feu; une expérience enrichissante pour les jeunes travailleurs locaux.

Chaque soir, Margaret, préparant des racines et des herbes ou travaillant à une œuvre perlée, parlait au groupe de leur histoire commune.

Alors que la nuit tombait, elle leur parlait de leurs ancêtres du peuple shuhtagot’ine, qui empruntaient à pied les mêmes chemins, leur décrivait les porteurs et les civières en peau d’original qu’ils employaient, et leur expliquait pourquoi elle se penchait pour embrasser le sol gelé chaque fois qu’elle arrivait dans les montagnes.

Le pipeline CANOL a été construit pendant la Seconde Guerre mondiale. Il servait à approvisionner en pétrole les Alliés en Alaska. Le tracé du pipeline, désormais abandonné, est une partie importante de notre histoire en tant que région, en tant que territoire et en tant que pays. Toutefois, son parcours est ponctué par les structures, aujourd’hui délabrées, qui y ont été construites dès 1942.

Le projet d’enlèvement des fils est une initiative du gouvernement du Canada, du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et de la Société du parc territorial Doi T’oh.